Gleeden : Site de rencontres extra-conjugales

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Un petit billet coup de gueule. Récemment, dans le métro, sur les bus, je vois des publicités concernant un certain site de rencontre. Mais un site assez particulier : Il propose de faire des rencontres extra-conjugales. J’ai été assez marquée, il faut le dire, par cette campagne de publicité. Pas pour ce qu’elle représente en elle-même -après tout chacun fait ce qu’il veut- mais pour ce qu’elle propose ouvertement, aux yeux de tous, en pleine rue. Pourquoi faire une promotion monstre pour un site de rencontres extra-conjugales ? Si Madame X veut tromper son mari celle-ci n’a que deux clics à faire sur internet et la voilà vernie. Seulement, ici Gleeden est clairement dans une ostentation pseudo-féministe assez douteuse.

« Le premier site de rencontres extra-conjugales pensé par des femmes »

Le voilà, le fameux slogan présent sur toutes les affiches de publicité. Excusez-moi ? Pensé « par des femmes » ? Il est bon de préciser que le site a été fondé par deux hommes : Ravy et Teddy Truchot. Ce slogan est donc tout à fait risible et véhicule une idée fausse et aguicheuse pour la gent féminine qui se laisse prendre au piège par cette phrase sentant bon l’indépendance et la liberté. Ce site a donc plus été pensé pour des femmes que « par des femmes », il s’agit ici d’une fausse légitimation.

Teddy Truchot déclare dans le magazine l’Express :

« On a beaucoup parlé de nous, notamment à la télévision. Mettre le doigt sur un tabou, en l’occurrence les relations extra-conjugales, ça choque mais ça fait du bruit. »

Seulement il y a tabou et tabou. S’agit-il encore de définir le tabou, qu’est-ce qu’un tabou ? Quelque chose dont on n’ose pas parler ? Une pratique qui déroge à l’éthique ? À la morale d’une époque donnée ? Il y a de ça. Cependant les aventures extra-conjugales forment un sujet grave, tout simplement par l’implication d’une tiers personne, d’un mari ou d’une femme qui se fait allègrement cocufier par son/sa partenaire sans que celui ou celle-ci ne tienne compte des sentiments de sa moitié. Bien sûr chacun fait ce qu’il veut comme il l’entend mais Gleeden répand sa campagne publicitaire dans les rues de manière exagérée et c’est ce qui me gêne le plus. Une ostentation pareille des relations extra-conjugales entraîne une forte incitation, naturellement quelqu’un aura plus de chances d’être tenté en voyant ces affiches omniprésentes dans les rues que s’il avait fait des recherches sur le net par lui-même. Nous avons à faire à une réelle banalisation de l’infidélité, enrobée par une belle idée (À savoir : La femme doit se libérer des moeurs patriarcaux) mais faisant totalement l’impasse sur la dimension morale de l’affaire, car ce genre d’affiche renvoie premièrement une piètre image du couple à bon nombre de personnes. Ce n’est pas vraiment le site et son concept que je fustige ici, je le répète encore une fois, mais leur campagne publicitaire qui n’a pas lieu d’être si largement répandue.

Ignis et Cignis

Je ne me doutais pas de ce que ces yeux avaient vu, de ce que ce corps avait fait.
Que ce corps s’était imbriqué dans un autre,
Que des souffles avaient été mutuellement échangés
Comme des larmes que l’on verse.
Des mouvances avaient été simultanées, d’une complémentarité
Assommante.

Une balade dans l’Eden envié pour consommer le fruit,
Pour cueillir la fleur aux senteurs aigre-douces d’été.
Mes yeux sont à moitié aveugles
Mais tout mon être perçoit un syncrétisme de feu, de chair et de soupirs revenus du passé.
Ma tête s’appesantit et les corps se lient.
Le cœur se nécrose, comme trempé dans l’humeur noire,
La mélasse amère : Grenade dont le sang s’enflamme à la moindre étincelle,
Étincelle d’étoile ou de briquet, de rêve ou de réalité…
Et explose.

Jetée là, sur un champ de cendre où naissent les épais nuages qui enfantent l’orage et la pluie,
Là où le Verbe ne fait plus écho, où le souffle vient mourir.
Désert peuplé de corps voilés d’un blanc grisonnant,
De spectres aussi volatiles que les souvenirs que je n’ai jamais vécu
Et que je ne vivrai jamais.

Je suis la fille des songes,
Celle qui meurt à chaque aube, à chaque naissance du jour
Et qui ne renaît que dans l’illusion, la carnavalesque et les arlequinades.
Dans la brume et les limbes les gerbes de blé dépérissent,
Tout comme mon âme
S’efface et se disperse, parcelle par parcelle, dans l’Entre-monde.
Comme une volute de fumée qui se répand dans l’air hivernal
Hors des chaumières, hors du foyer, hors de la chaleur :
Hors de l’humanité.
Faute d’avoir écouté Cassandre, j’arrive trop tard.
L’espoir s’estompe comme un mirage. On me l’a arraché,
C’est sans retour.

Mais par delà la chair je cherche l’âme, aussi palpable que l’air.
Coincée, là, sous la voute corporelle,
Je cherche l’invisible.

Le privé et le droit : La combinaison fatale.

Voilà un mois que je suis dans un institut privé dont je ne citerais pas le nom ici, en faculté de droit. A priori le système privé est à louer et détient tout les bénéfices : Un encadrement, de beaux locaux, des résultats satisfaisants…  Des attributs que les parents payent au prix fort. De l’extérieur, on en a cette rapide idée, un échange équivalent, peut-on dire. Or, voilà, à l’intérieur du système j’ai vu et j’ai compris. Autre que l’argent payé, il y a un autre prix qui brise cet équilibre. Et ce prix si fortement oublié c’est l’angoisse de l’élève. J’entends d’ici les détracteurs : “Oui, mais, cet angoisse est nécessaire pour que l’élève travaille et ait de bons résultats, à la fin il y aura des résultats satisfaisants, et il n’y a que ça qui compte dans notre histoire.

Seulement, les résultats ne priment pas sur l’humain, l’angoisse est terrible et déstabilisante, elle paralyse et rend malade. Elle pousse à bout, dégrade le corps et l’esprit. Ce système pour lequel on paie tant est déshumanisant et aliénant. C’est un système anti-pédagogique qui joue sur la peur de l’étudiant en lui donnant plus de devoirs et qui donne plus de droits à son professeur. Le professeur, cette bête noire qui sanctionne tout écart et qui libère l’angoisse et les peurs. Ce rôle est compréhensible au collège/lycée, où il a pour rôle absolu de veiller aux progrès de l’élève, un despotisme justifié. Mais, une fois plongé tête la première dans les études supérieures, l’indépendance et l’auto-gérance sont de mise. Au privé on paie donc pour un certain encadrement, nous sommes d’accord. Mais celui-ci ne doit pas consister en une perpétuelle vérification absolument terrifiante qui pousse à faire travailler les élèves non pas par plaisir mais par stress. J’ai personnellement eu une crise d’angoisse en CM, quelques semaines plus tard, une fille éclata également en sanglot en groupe de TD et sa voisine ne put que dire : “Elle fait une crise d’angoisse.

En entrant dans la sphère du privé on découvre une dure réalité : La valorisation du succès scolaire au profit du bien-être de l’élève. Je ne dis pas qu’on doit se livrer à un laxisme extrême, loin de là, mais qu’il faut reconsidérer le système du privé et les méthodes d’enseignement. Trop de travail tue le travail, à quoi bon donner des quantités titanesques de boulot? Ce n’est pas en emmagasinant pléthore de connaissances qu’elles seront acquises, nous ne sommes pas des machines, mais des humains. Il faut le temps de comprendre, tout en s’adaptant au rythme effréné, le privé n’arrange cela en rien en ajoutant plus d’exercices, de textes et je ne sais quoi d’autre. J’ai l’impression de remonter à l’époque médiévale et de recevoir un enseignement sophiste, apprendre à tout prix, le plus possible, puis faire des exercices à tout allure sans même prendre le temps de comprendre et d’analyser ses erreurs.

Et comment oublier… l’humiliation. Terrible moyen d’apprentissage. Cela dépend du professeur mais une fois à la faculté le système privé est propice à cette méthode.

Nous sommes un petit effectif ? Tant mieux ! Nous allons pouvoir interroger et réprimander un élève devant tous ! Ça lui apprendra à ne pas savoir.

C’est triste mais c’est exactement ce qui se passe à ma faculté, on prend deux chaises qu’on place à l’endroit le plus exposé de la salle, on désigne deux élèves. Ils s’assoient, l’oeil inquiet, les mains moites, sous une épée de Damoclès. Puis les questions tombent, le professeur sourit devant l’ignorance et rétorque le plus simplement du monde :

Allons ! C’est une question facile ! Voyons ! Vous ne savez pas ?

Facile pour celui qui sait. Oui. Monsieur est agrégé, tout lui semble facile, c’est son domaine et c’est gonflé d’orgueil qu’il se permet de pointer une facilité inexistante pour son jeune élève. Comment peut-on penser à comparer son savoir de maître au savoir de son élève ? C’est tout simplement un manque de compréhension de la part du professeur qui use à tort et à travers son pouvoir. L’élève avance ici à cause de l’angoisse d’être humilié. Ce matin encore un élève a eu le malheur de murmurer que les 15 démocraties populaires de l’URSS appartenaient à l’Union Européenne, le professeur s’est arrêté un quart d’heure sur son cas, le pointant du doigt, l’écrasant de tout son savoir pour lui montrer à quel point il avait été crédule. Avec des hyperboles absolument affreuses pour lui montrer que c’était un moins que rien, qu’il avait raté sa vie :

Tout le monde sait ça, allons, ne dites pas de bêtises, quelle horreur! Non, non, non… NON !

Silence. Puis il est revenu à la charge :

Comment avez vous obtenu votre bac ?

Déshonneur devant 150 personnes, chuchotements, rires à peine dissimulés pour certains… Et l’élève, planté là,  penaud. Un simple “Non, voyons !” aurait amplement suffit, mais là c’était de l’acharnement, le professeur était scandalisé, il réagissait un peu trop violemment. Il parlait avec tant de véhémence qu’à la fin de sa tirade il avait lâché un petit :

Non, mais, je vous dis tout ça enfin, voilà. C’est quelque chose à connaître, quoi…

Cet incident m’a réveillée, moi qui était à moitié assoupie sur mon cahier. C’est déjà très bien de fournir une participation active en amphithéâtre pas besoin de rabaisser autrui quand celui-ci dit une connerie. On s’en contrefout, on passe outre et voilà, c’est pas grave, on est tous là pour apprendre. Ça peut prêter à sourire mais ce n’est pas une raison pour y prendre au sérieux et faire comme si l’élève avait assassiné son voisin.Mais qu’en est t-il du plaisir d’apprendre ?

“Vous étudiez tous le droit pour vous élever, n’est-ce pas ? Le gain, l’argent, être influent dans la société ! Le pouvoir. N’est-ce pas ? Oui, vous ne seriez pas là, sinon.”

Travailler pour le gain, le pouvoir. Je me suis sentie incroyablement anti-nietzschéenne. J’en ai eu honte. Je travaille pour mon plaisir, et pour faire quelque chose qui me plaira, pas pour avoir le plus d’argent possible, non. Voilà comment le droit se présenta à moi. Comment on me le présenta.

Le droit, c’est un formidable instrument! Vous verrez ! On ne vous roulera plus !

Certes, certes, très cher monsieur, je ne me ferai plus avoir, j’aurais de l’argent, c’est bien ça, non ? C’est ce qui est synonyme de bonheur dans notre société, c’est ça ? Hein ?  Très bien. Je travaillerai donc dans le stress et l’angoisse, mais, à la fin je l’atteindrai ce bonheur. On me l’a promis. Avec tant de souffrance il ne peut y avoir que le bonheur en contrepartie, sinon, ça ne serait pas juste. Faire du droit serait une injustice profonde. L’infâme ironie ! Si vous aimez le droit, tant mieux, parfait, même ! Mais pour celui qui fait des études de droit par défaut on ne peut qu’éprouver une ineffable tristesse et le plaindre. Et moi je me plains. J’ai été assez idiote et crédule pour embrasser le droit. J’ai été aussi aveugle que la Justice et la balance ne s’est pas penchée du bon côté.

Vous vous posez des questions métaphysiques ? Pourquoi êtes vous ici ? Pourquoi le droit ? Ce n’est pas grave, vous partirez l’année prochaine !

Dixit un de mes professeurs. Et je ne compte pas laisser une année me filer sous le nez comme ça, une année c’est déjà trop. Et surtout elle serait trop insupportable, à tendance suicidaire. C’est une cage dorée à fuir.

J’ai donc changé de faculté, de bâtiment. Et c’est beaucoup mieux. Rien que le bâtiment est mieux, il est vieux. L’autre faculté n’est qu’une infrastructure géométrique, tellement neuve qu’elle en est stérile, avec des amphithéâtres sans fenêtres. Des amphithéâtres gris et de béton, de grands cônes tristes. Les salles, ce sont presque des chambres funéraires. Les pyramides égyptiennes c’est has been, le top ce sont les cônes universitaires. Maintenant c’est lettres modernes et un mois à rattraper. Mais ça reste tout de même angoissant et déprimant, tout mon entourage me regarde de haut. J’ai un énorme malaise, lettres c’est moins prestigieux que droit il faut croire. Puis dans notre société, c’est le pouvoir et l’argent qui priment après tout. Tristes influences qui ont influés mon entourage et qui lui même m’influent fortement. Tragique, tragique.